Avec Stadia, Google déménage le jeu vidéo dans le nuage

Avec Stadia, Google déménage le jeu vidéo dans le nuage

Tout comme les films et la musique, l'industrie des jeux vidéo est passée du support physique au téléchargement numérique et, plus récemment, à la diffusion en continu. Après quatre ans de travail acharné, Google vient tout juste de dévoiler une plateforme ludique à la demande appelée Stadia, une technologie « à la Netflix et Amazon Prime » qui viendra bousculer le marché traditionnel des jeux vidéo.

Lorsque le géant a fait cette annonce à la Game Developers Conference de San Francisco, plusieurs s'attendaient à une console avec diffusion en continu, mais il s’avère que la plateforme de Google est entièrement axée sur l'infrastructure en nuage de l'entreprise. Stadia sera accessible moyennant un abonnement mensuel.

La plateforme stockera une session de jeu dans le nuage et permettra aux joueurs de se connecter à des appareils mobiles et ordinateurs capables d’exécuter les navigateurs Google Chrome et Chrome OS, ainsi qu’aux appareils du fabricant comme les téléphones Pixel, les Chromebook  et Chromecast Ultra, ce dernier servant à l’affichage sur un téléviseur intelligent. La sauvegarde étant instantanée sur toutes les plateformes, on pourra lancer à tout moment, n'importe quand et n'importe où, une partie sur un Chromebook et la poursuivre sur un appareil mobile ou sur un téléviseur intelligent, le tout avec une fluidité remarquable. Il sera donc possible de toujours jouer en continu!

Jeux multi-plateformes avec Google Stadia

Le streaming de jeux nécessite généralement une connexion solide et une puissance de calcul supérieure à celle du simple téléchargement vidéo, car l’interaction se fait en temps réel entre le joueur et le jeu. Plutôt que de faire localement le calcul des images sur une console ou un ordinateur, la plateforme Stadia exécutera cette tâche dans les centres de données interconnectés de Google – il y en a 7500 de par le monde – et n’enverra au joueur que l’image par Internet.

Les ordinateurs dans les centres de données seront  capables d’offrir des jeux en 4K à 60 images par seconde. Ce sont des PC équipés d’un processeur X86 à 2,7 GHz et de 16 Go de RAM avec des super cartes graphiques. La puissance de traitement est de 10,7 téraflops (mille milliards d’opérations en virgule flottante par seconde, soit 10 à la puissance 12) ce qui est énorme quand on sait qu’elle est de 6 téraflops pour la Xbox One X et 4,2 pour la PS4 Pro.

Contrôleur Wi-Fi Google StadiaSelon Google, il suffira pour jouer sur Stadia d'appuyer sur un bouton, sans rien à télécharger ou à installer. Toutes les manettes USB existantes pourront être utilisées, mais Google offrira la sienne, en option, sur laquelle on trouvera un bouton dédié à l’Assistant Google pour certaines commandes vocales. Cette fonctionnalité pourrait être pratique pour la possibilité d’obtenir des renseignements sur le jeu en cours, comme des indices pour venir à bout d’un obstacle précis. Les abonnés pourront également partager leur jeu directement sur le service de diffusion vidéo en continu de Google, YouTube.

Google Assistant avec le contrôleur Wi-Fi Google Stadia

En outre, une sauvegarde créée par un joueur deviendra une sorte de signet virtuel pouvant être partagé avec la communauté et permettra à des joueurs du monde entier de se joindre à une partie à partir d’un point déterminé par un autre adversaire.

L’arrivée de Google dans l’arène des jeux entraînera vraisemblablement un nouveau conflit entre Microsoft (Xbox), Sony (PlayStation), Google et peut-être Amazon. Ce dernier travaillerait sur son propre service de jeux vidéo. Stadia sera plutôt un modèle d’approvisionnement centralisé. Google risque toutefois de ne pas rester longtemps seul sur ce nouveau territoire, car Microsoft serait en train de mettre au point son propre service de jeu en téléchargement continu, connu pour l’instant sous le nom de xCloud.

Jade Raymond

Par ailleurs, Google a créé son propre studio, Stadia Games and Entertainment, dirigé par la Montréalaise Jade Raymond, anciennement d’Ubisoft. Dans le but de développer des jeux exclusifs, la firme fera appel à des éditeurs et à des développeurs de l’extérieur pour alimenter sa plateforme avec de nombreux titres. Pour les développeurs, le fait que Stadia permet d’accéder à plusieurs points terminaux à partir d'un code source unique est un énorme avantage.

Google n'a pas donné d’aperçu du coût de l’abonnement à Stadia ni du nombre de titres qui seraient offerts au moment du lancement. Il est par contre déjà confirmé qu’au départ les abonnés auront accès à Assassin's Creed Odyssey (conçu dans les studios de Québec d’Ubisoft) et à Doom Eternal. Le service devrait être en place vers la fin de 2019, au Canada aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans certaines régions d’Europe. Plus d'informations sur les jeux et les tarifs de Stadia sont attendus cet été.

Visionnez la bande-annonce (en anglais) du produit:

Visionnez la présentation complète (en anglais) de Google à la GDC: